Wang Shu et le Pritzker / Biennale de Hong Kong

Publié le par gudule

Ni Hao,

 

exactement quand j'écrivais mon précédent article, le prix Pritzker (soit disant équivalent au prix Nobel) d'Architecture était décerné au chinois Wang Shu.

 

D'habitude je suivais de loin cette remise de prix, dont la nouvelle me parvenait aux oreilles une semaine après tout le monde et me faisait hausser un sourcil sans détourner mon attention de ma maquette en cours. Même la nomination de Jean Nouvel (cocorico!) en 2008 m'avait à peine fait décroché un mot tellement cette succession d'Archistars était prévisible et totalement inintéressante.

 

Je ne connaissais pas Wang Shu avant d'arriver en Chine et j'ai découvert avec plaisir un architecte local qui mettait en valeur les principes de l'architecture traditionnelle de son pays en l'adaptant aux préoccupations contemporaines, un peu de la même manière que son aîné I M Pei (dans des projets très peu connus du grand public). Pendant ce temps, l'immense majorité des publications, des travaux, des bâtiments construits en Chine sont des copiés-collés de villas occidentales, des copiés-collés de temple Bouddhiste en hôtel, ou des ré-adaptation de l'architecture totalitaire ("ici je voudrais une grande place de 200m par 500m pour harranguer les foules et un balcon monumental et un grand axe avec ma statue au bout et le bâtiment symétrique juché sur un socle en pierres de taille, s'il-vous-plaît madame l'architecte" (véridique)).



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De mon côté chinois, j'espère que cette nomination sera médiatisée en Chine, pour que les clients se rendent compte que leurs architectes ont du talent, que leur culture est immensément riche et qu'ils devraient en être fiers plutôt que de la réduire en bouillie depuis la Révolution Culturelle, ou d'en faire des pastiches pour DisneyLand.

De la part de moi l'occidentale, j'espère fortement que l'attention des occidentaux soit attirée sur la Chine sous un meilleur jour que "ce sont des sauvages qui mangent des chiens et je foutrait jamais les pieds dans ce pays qui respecte pas les droits de l'Homme", réflexions que j'entend très très régulièrement de la part de gens proches comme sur internet, et qui me choque au plus haut point par leur imbécilité et leur intolérance.

Enfin, d'un point de vue d'architecte, je dirai que Wang Shu réalise ce qui est très dur à faire en Chine : le vrai métier daArchitecte. La cohérence théorie/pratique et papier/chantier. Les architectes en Chine sont une invention récente... avant on parlait de constructeur et d'un savoir hyper-local. Aujourd'hui, l'"architecte" en Chine est un concepteur dans son bureau qui est INTERDIT d'accès au chantier. Sauf quand on s'appelle Wang Shu.


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Bref, merci et bravo ! Voilà un Pritzker de l'encouragement, donné avec intelligence, pour un pays en pleine frénésie urbanistique qui devrait être planifiée par des gens comme le nouveau prix Pritzker que par de pâles copies d'architectes ayant eu leur diplôme dans une pochette-surprise par les fausses écoles d'architecture en Chine (apprenage par coeur de réglementations pendant 5 ans).


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Sinon, la Biennale d'Architecture et d'Urbanisme de Hong Kong était très intéressante sur le contenu, mais très décevante sur la forme. Les pavillons de bambous, ça peut être cool, mais quand ça tombe en morceau et que du polycarbonate mal ficelé laisse passé le vent et la pluie, que les gardiens y stockent visiblement les poubelles du quartier et que certaines maquettes sont complètement cassées... c'est très moyen. Pareil pour le sol en contreplaqués assemblés avec du scotch marron. 

Chais pas mais Hong Kong, ça envoie du rêve comme ville, et "biennale d'Architecture de Hong Kong" ça promet au moins un investissement de qualité, non ? Rapé !


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Mais, je ne vais pas faire un essai dessus, d'autres le feront bien mieux que moi. Néanmoins des réflexions urbanisitiques très intéressantes sur les villes de Taipei et Hong Kong, les soeurs chinoises des villes occidentales qui investissent dans le social et l'écologique, là où les vraies villes chinoises sont encore à déverser des métaux lourds dans les rivières et à exproprier la planète entière. Quelques belles sélections de projets Shanghaiens et analyse sociales de Shanghai qui m'ont fait très plaisir. Beaucoup trop de projets dont le "concept-phare" est le DRAGON, la peau, les écailles, la forme... Mais au bureau on le ressort pour chaque client aussi... donc bon.


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-- pour le coup j'appellerai plus ça un hérisson qu'un dragon...


Plusieurs oeuvres sur les conditions de logement difficile à Hong Kong pour les ouvriers, d'autres sur l'hyper densité ou la pollution, et aussi sur les villes-toutes-pareilles : grande problématique en Chine, où plusieurs dizaines de mégalopôles dépassent les 6 millions d'habitants et se ressemblent toutes au point d'inquiéter les locaux eux-mêmes.

Pour des photos de TOUT, voici le flickr d'un copain qui a très bien documenté : EVAN.


Biennale qui m'a surtout donné envie de prendre du temps libre plus souvent pour courir les galeries, les quartiers d'artistes et les expos de Shanghai. Si seulement !


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Zaijian !

Publié dans Architecture

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Commenter cet article
C
<br /> C'est bien ce qu'il me semble, Gudule avait deja la tete a l'apero <br /> <br /> <br />  <br />
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C
<br /> ganbei ca veux dire "santé", non?<br />
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G
<br /> <br /> j'ai du mal avec la traduction pinyin de ce que j'entends mais ne lis jamais ! Pardonnez mon erreur entre cambei et ganbei. Effectivement, mais la conclusion d'un contrat se fini toujours autour<br /> d'une table et des verres de baijiu n'est-ce-pas !<br /> <br /> <br /> <br />