TdC/ Jour 13 – Montagnes – Ningde
104,52km
Temps couvert avec averses
La pluie me reveille et c’est sous le crachin que je fais une toilette sommaire dans l’eau de source qui coule des rizieres qui me surplombent.
Reve d’une douche chaude ou de soleil. Je pue et mes vetements sont humides et grattent.
la maison abandonnee ou nous posons la tente pour la nuit
Nous finissons les montagnes dans la matinee, enchainant montee sur montee jusqu’a la descente finale a pic et en virages qui serpentent entre les montagnes. Malgre le crachin le paysage est epoustouflant et je suis gagnee par l’euphorie de quitter ces foutues montagnes et d’en finir avec ce calvaire.
Mischa pete ses freins pendant la descente et fini tres dangereusement dans une glissiere de securite. Moi je n’ai pas vu car j’etais devant mais il passe plus d’1h a reparer ses freins pendant que je l’attend dans un village a plusieurs kilometres en mangeant des baozis au porc et en buvant du lait de soja.
Le reste de la journee est faite de collines douces le long d’une riviere parsemee de villages et de temples. Des gens chantent. Nous avons deja fait 90km quand soudain le terrain s’eleve et nous nous remettons a grimper. Les derniers kilometres s‘effectuent en cote a 8km/h, avec deja 90km dans les jambes et je suis en etat d’epuisement. Nous descendont de cette petite montagne 10km plus tard et je decrete arret obligatoire pour camper a une station essence car j’en ai plein les pattes et il fait nuit.
Super accueil a la station essence en echange de cigarettes (cadeau de clients de mon ancien travail) : nous troquons mes paquets de cigarettes de Lanzhou contre douche chaude, utilisation des ordis de la station essence et le personnel nous offre un local vide pour camper avec vue sur la mer. Ils sont vraiment tres gentils et tres droles.
En regardant le compteur j’ai franchi le cap des 1000km aujourd’hui !
Je paye une biere et nous finissons la soiree en regardant des series taiwainaise completement debiles sur internet.
Mal au genou.
Dodo.
Je profite de cete article relativement court pour parler du mode Zen, comme l’appelle Mischa. Quand nous pedalons en ligne droite, avec des paysages mornes, et qu’aucun evenement ne merite une attention prononcee nous entrons dans le mode Zen. Malheureusement c’est souvent le cas, car a part dans les montagnes ou quelques sections de paysages magnifiques ou de situations dangereuses... nous sommes souvent sur des routes chiantes, plates et mornes.
Le rythme donne par le pedalage est hypnotisant et le cerveau rentre dans une espece de transe et les pensees vagabondent. Je sais que j’ai pense a des choses biens, a des moments cool ou a des projets ou a des souvenirs... mais quand je sors du mode Zen car un camion vient de m’envoyer un jet de caillous dans la figure, je ne sais plus du tout a quoi je pensais ou quels paysages nous avons traverses ou meme ce que j’ai fait le matin. C’est un peu le meme genre d’etat que devant la tele quand je suis fatiguee et que je zappe, je regarde quelque chose mais mon cerveau n’imprime pas. Les reflexes, les actions sont la, mais le mode « memoire » est desactive. Le mode Zen permet de faire des kilometres tres longtemps dans un etat second, et sans en garder trace. Je sais que je viens de faire 50km mais je dois vraiment reflechir pour me rappeller ce que j’ai vu ou fait. C’est marrant.
