Brutalité en Chine - retour à Shanghai
J'ai grand besoin d'exprimer un puissant sentiment qui m'a envahi il y a quelques heures, à mon retour de Hong Kong en terre Shanghaienne. A mon retour en "vraie" Chine en fait.
C'est un puissant sentiment d'énervement, d'impuissance, de résignation, de colère...
- J'étais dans le métro, ligne 2, de Pudong Airport vers le centre-ville, nous changeons de train à une station et devons sortir. J'ai un énorme sac "routard" de 15kilos sur les épaules, je suis malade à crever et je tousse sans répis, je suis fatiguée d'un vol marqué par les turbulences... Bref, retour de voyage.
Et là, je suis devant les portes du métro, prête à sortir, quand une MAREE HUMAINE de Chinois me fonce dessus depuis le quai ! Ca hurle ! Ca crie ! Ils rient de se précipiter pour avoir des places assises les premiers, ils se marchent dessus, un jeune se prend le pied dans la contremarche et chute de tout son long dans la rame, les vieux sont les pires, tous excités à l'idée de cette bousculade incommensurable pour s'asseoir avant tout le monde.
Je suis forcée de reculer, frappée par la masse bruyante en plein fouet. On me bouscule, me marche dessus, me pousse. Une bonne femme, la cinquantaine me pousse sans ménagement pour placer sa petite-fille. En un mot : brutalité.
Et moi ? A mon tour, je lutte, je pousse, je bouscule, pour essayer de sortir avant que le métro ne parte avec moi.
Je rame. Je lutte à contre-courant. -
Je ne savais plus. J'avais oublié que c'était comme ça, la vraie Chine. J'avois oublié qu'il fallait être indifférent, égoïste, j'avais oublié qu'il fallait oublier les autres, s'oublier, et foncer dans le tas sans penser aux bonnes manières typiquement Françaises.
C'était bien Hong Kong.
Ce qui m'a surtout étonné, c'est la colère que j'ai ressenti et les mots qui me sont venus en tête pour décrire une telle cohue irrespectueuse, dangeureuse, égoïste et complètement imbécile. J'ai vraiment cru devenir intolérante et je me suis fait peur.
J'ai rencontré quelques occidentaux, qui après quelques années en Chine étaient complètement racistes, aigris, haineux envers les Chinois et dont les propos colonialistes feraient rougir Monsieur Le Pen lui-même. Des gens transformés, des caricatures de films que je me suis bien empressée de rayer de mon agenda "contact Shanghai". On me dit que beaucoup de gens finissent ainsi, à force de rester en Chine sans s'intégrer.
Je veux pas que ça m'arrive.
Je vais me replonger dans le bain des Chinois. Oublier les bonnes manières et la politesse des Hong-Kongais. Me souvenir du bruit des gens qui crachent, ne pas lever le sourcil quand ma voisine de métro rote bruyamment trois fois à 10 centimètres de mon nez... Me souvenir de ne jamais poser mes baguettes sur les tables et de ne jamais ô grand jamais laisser un sac à main par terre. Je suis de retour en Chine, il faut redevenir comme avant et comprendre.
C'était la nouvelle expérience : sortir de Chine pour la première fois en 6 mois.
Et sinon, j'ai mon visa Z, alors j'ai bien intérêt à garder la tête froide, parce que c'est parti pour durer !
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PS : j'ai lu un article d'un Français (bien différent) sur le même sujet, et je me suis tout à fait reconnue, si vous voulez poursuivre la lecture sur ce sujet : De l'indifférence pour survivre en Chine
PPS : Gudule revient bientôt avec des supers photos prises à Hong Kong ! Dès demain, de bonne heure, et de bonne humeur !